L'accès à l'électricité : sobriété et technicité au service du besoin
La sobriété et la technicité peuvent s'opposer ou au contraire se compléter pour satisfaire les besoins du plus grand nombre dans le respect des objectifs climatiques.
La quantité d'électricité à produire est appelée à augmenter pour satisfaire les nouveaux usages qui doivent se substituer aux énergies fossiles (mobilité électrique, pompes à chaleur) mais aussi à diminuer dans un mouvement de modération des besoins non essentiels. La sobriété des usages est maintenant intégrée dans les scénarios de prospective. Une réduction jusqu'à 10% a été mesurée en France au cours de l'hiver 2022-2023, mais sans que l'on soit véritablement entré dans le dur.
La technicité peut prendre des chemins opposés. Soit compenser les aléas climatiques et l'intermittence par la multiplication des redondances et des stockages individuels, afin d'assurer le même confort qu'aujourd'hui aux personnes qui pourront se le payer. Soit au contraire assurer la distribution la plus solidaire possible par la mise en place de régulations et de limitations temporaires pour écrêter les besoins. Dans tous les cas cependant, un haut niveau de technicité est requis pour atteindre le résultat attendu, dans un sens plus "smart grids" que "low tech".
C'est dans la recherche de solutions locales qu'une sobriété des moyens a toute sa place. La production d'électricité renouvelable avec son stockage peut concerner les populations rurales ou dispersées, mais la question n'est pas tranchée pour les grandes métropoles. L'analyse du cycle de vie d'un projet permet de valider le choix de sa bonne échelle en termes de décentralisation.
Les exemples ne manquent pas : tel syndicat d'électrification locale1 qui alimente un territoire depuis 120 ans, ou telle maison autonome2 qui concilie confort et frugalité.
La définition des besoins essentiels et l'acceptabilité collective d'une réduction des besoins moins essentiels est certainement la question à laquelle nous sommes le moins préparés, et un défi à rebours des ressorts économiques dominants. Les ingénieur·es auront leur contribution à apporter, mais ce sont les sociétés toutes entières qui devront s'en emparer.
[1] Tel le Syndicat Intercommunal d’Electricité de Labergement-Sainte-Marie (SIEL) dans le Haut-Doubs
[2] Telle la célèbre Maison Autonome de la famille Baronnet en Loire-Atlantique