ISF SystExt explore les mines roumaines

En juillet 2016, les membres d'ISF SystExt se sont rendus en Roumanie pour y découvrir le contexte minier et les réalités humaines, environnementales et sociales associées. Le séjour a consisté en des visites de sites miniers (en activité, fermés ou encore réhabilités) et en la rencontre d'exploitants miniers, d'universitaires ou encore d'associations. Bassin charbonnier de Jiu, complexe cuprifère de Rosia Poieni - Geamăna, quadrilatère d'or comprenant le projet suspendu de Roşia Montană... ISF SystExt revient sur ces territoires industriels et ce séjour riche d'enseignements et d'échanges.
Localisation des sites visités ou étudiés par ISF SystExt
SystExt - 2016 - cc

On le surnomme la « vallée des larmes », le bassin charbonnier de Jiu

Située au sud-ouest de la Roumanie, la vallée de Jiu compte de nombreux gisements de charbon (houille et lignite). Depuis l’ouverture des premiers puits il y a 150 ans, la vallée s’est exclusivement consacrée à l’extraction et la transformation de ce combustible. La région a connu des périodes de croissance démesurée mais également des crises sociales et économiques profondes. La vallée qui comptait plus de 55 000 mineurs sous le régime communiste de Ceausescu dans les années 80, en compte désormais moins de 7 000. Ceci est la conséquence de plusieurs plans structurels mis en place par le gouvernement, sous la pression de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international et de l'Union européenne qui jugeaient les mines de charbon roumaines non rentables, dangereuses et polluantes. Cette restructuration était devenue une condition nécessaire pour l’intégration de la Roumanie dans l’Union européenne.

La fermeture et la privatisation des mines de la vallée de Jiu se sont donc progressivement mises en place depuis 2011 et seront définitives pour la fin 2017. Face à cette situation, les habitants de la vallée n’ont parfois pas d’autre choix que d’accepter des emplois précaires, d’émigrer ou encore d’exploiter le charbon illégalement dans les mines abandonnées. Le taux de chômage moyen dans la région est de 30% et peut atteindre 70% dans certaines villes comme à Uricani. La vallée de Jiu tente aujourd’hui de développer des schémas de reconversion tel que le tourisme, l’élevage ou l’exploitation du bois mais les aides mises à disposition par l’UE sont encore très mal gérées et peu utilisées (21% en 2013).

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Les faces cachées de Rosia Poieni, deuxième réserve de cuivre d’Europe

Localisée dans les Monts Apuseni, à l’ouest de la Roumanie, la mine de Rosia Poieni constitue la deuxième plus grande réserve de cuivre d’Europe. Découvert dans les années 60-70, le gisement a été exploité en mine à ciel ouvert sous le régime de Ceausescu. Depuis 1983, la société d’Etat Cupru Min en a repris la gestion. Chaque jour, 14 000 tonnes de roches sont extraites, dont la moitié est envoyée à l’usine de traitement du minerai (car contenant des teneurs intéressantes en cuivre) et l’autre moitié est jetée directement en bordure de la fosse d’exploitation (car considérée comme déchets) .

Depuis l’ouverture de la mine, les exploitants successifs déversent les déchets issus de l’usine de traitement (résidus miniers) dans les vallées alentour sans se soucier de devoir expulser pour cela des familles entières. En 1986, la société Cupru Min a commencé à acheminer les résidus miniers vers le village de Geamăna alors que 1 000 personnes y vivaient encore. 30 ans après, la vallée s’est transformée en un gigantesque lac de décantation d’une surface de 130 hectares. Sans aucune considération environnementale, plus de 130 millions de tonnes de résidus miniers y ont été répandus, composés de boues acides riches en cuivre, fer, zinc, plomb, ou encore arsenic.

Les accidents sont nombreux dans la vallée : régulièrement, des centaines de mètres cube d’eau s’échappent du lac de décantation contaminant les cours d’eau sur des dizaines de kilomètres. Chaque année, les autorités locales infligent des amendes à Cupru Min, mais celles-ci sont dérisoires comparées aux dommages causés et ne semblent avoir aucun effet sur le comportement de la compagnie minière. Les associations peinent à se faire entendre sur la gravité des dommages environnementaux et sanitaires dans cette région minière.

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Une lutte sans fin, les nouveaux conquérants du quadrilatère d’or

Situé au sud des Monts Apuseni, le « quadrilatère d’or » est un district minier de 2 400 km² qui présente des ressources minérales exceptionnelles en or, mais également en cuivre et en argent. Connue depuis l’époque romaine et considérée comme « L’Eldorado européen » au début du 20ème siècle, la région attire toujours autant la convoitise des exploitants miniers. Dans les environs de Certej, 6 permis ont récemment été attribués en zone naturelle protégée représentant une superficie totale de 4 865 hectares ! A Roşia Montană, le projet de Gabriel Ressources était dantesque : l’entreprise envisageait le creusement de 4 mines à ciel ouvert et l’installation de plusieurs bassins de décantation sur une surface totale de 4 284 hectares, nécessitant la démolition de plusieurs villages et la délocalisation d’un millier de familles.

Face aux risques environnementaux et humains, la mobilisation s’est rapidement mise en place à Certej comme à Roşia Montană. A Certej, les ONG telles que Mining Watch Romania dénoncent depuis des années l’illégalité des permis de construire de l’exploitant minier. A Roşia Montană, dès le lancement du projet dans les années 2000, les villageois se sont mobilisés autour de l’association Alburnus Maior, en lançant des pétitions et en organisant un festival accueillant chaque année des milliers de personnes. Face à cette mobilisation locale mais également nationale (manifestations organisées partout en Roumanie), le gouvernement a finalement renoncé en 2013 au projet de loi autorisant l’exploitation de Roşia Montană. Aujourd’hui, Gabriel Resources s’est retiré de Roşia Montană et le projet de Certej est en suspens. Les habitants de la région tentent de trouver une alternative à la mine telle que la valorisation du patrimoine et le tourisme. Mais si Alburnus Maior, Mining Watch et les autres associations restent en alerte, c’est parce que d’autres compagnies minières pourraient de nouveau s’intéresser à l’or des Monts Apuseni.

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3 novembre 2016
ISF SystExt