Ingénieurs sans frontières SystExt élabore un PACTe pour mieux appréhender les résistances locales aux projets miniers
La relance minière en France a conduit l'association à développer un Projet d’Accompagnement des mobilisations Citoyennes sur les Territoires (PACTe) pour la France métropolitaine. Ce projet montre comment ingénieurs citoyens et associations ou collectifs locaux peuvent agir pour offrir plus de visibilité à la contestation de l’activité minière passée, présente et future.
Dans un contexte de nouveaux projets d’exploration et d’exploitation minière en Europe depuis 2008, la relance minière en France a été mise à l’ordre du jour dès 2012. Malgré les carences de l’actuel Code Minier et en dépit d’un cadre juridique clair et contraignant, de nombreux Permis Exclusif de Recherche ont été attribués sur le territoire français alors que les effets délétères et les impacts sanitaires et environnementaux des anciennes exploitations minières se font encore sentir.
En parallèle, ces zones d’exploration en France métropolitaine et en Guyane sont contestées par des collectifs et associations.
Leur principale motivation est de s’assurer que l’exploitation des ressources minérales repose sur un besoin réel (et non simplement pour des visées spéculatives) sur la base d’un dialogue objectif explicitant les effets positifs, comme négatifs, de l’extraction minière.
Depuis 2014, des échanges entre ISF SystExt et ces associations ont accompagné ces contestations de projets miniers en France. L’association soutient cet objectif de réappropriation citoyenne des questions liées aux ressources minérales. En faisant appel à un savoir-faire hybride (capacité d’interpellation, animation d’acteurs, maîtrise technique des données), le projet PACTe s’est attaché à rendre compte de la complexité des enjeux miniers entre les anciens sites miniers, les nouveaux projets et les anciens sites potentiellement réouvrables.
Ainsi, trois enquêtes de terrain (de novembre 2016 à février 2017) en Bretagne (dynamiques de concertation), en Lorraine (aléas géotechniques) et dans le Limousin (contamination autour de sites uranifères et aurifères) ont donné la parole aux acteurs associatifs. La synthèse de ces journées de terrain a été présentée lors d’un forum de 3 journées en septembre 2017 qui a rassemblé près de 70 per sonnes, venues de toute la France, mais aussi de pays européens voisins. Il a notamment facilité les dynamiques entre collectifs et avec d’autres réseaux (nationaux ou internationaux). Les participants ont ainsi pu discuter des différents enjeux sur l’expertise locale, des résultats concrets des luttes actuelles / passées et des besoins en accompagnements, à travers des exemples et témoignages.
Ce travail met notamment en lumière plusieurs aspects « productifs » des résistances aux projets d’exploration des ressources minérales. Les actions citoyennes permettent par exemple de faire émerger des vides juridiques et techniques (sur le dédommagement du passif minier, sur le suivi environnemental, sur les consultations de riverains, etc.). Leurs travaux pointent également des incohérences dans les politiques publiques qui soutiennent au secteur extractif face aux annonces sur le développement d’une économie sobre en ressources. Enfin, elles constituent un vecteur de sensibilisation sur la rareté de ces ressources et sur les liens d’interdépendance entre territoires, et offrent un cadre pour débattre ensemble des alternatives au développement économique, sur des territoires bien souvent fortement touchés par la précarité et le chômage.