G20 : Ne jouez pas avec notre nourriture !
Ingénieurs sans frontière soutient cette pétition et vous engage à la signer. La pétition se double d’un pique nique et d'une manifestation le 22 juin à midi au Jardin des tuileries.
Rappelons qu’à la suite des accords du GATT et de l’OMC dans les années 90, la libéralisation des marchés agricoles a fortement fragilisé l’agriculture familiale dans le monde et bouleversé les équilibres alimentaires, en permettant une spéculation accrue sur les produits alimentaires de bases. Or, aujourd’hui, l’agriculture familiale garantit une alimentation mondiale accessible à tous avec un impact environnemental minime. C’est notamment ce que rappelle la charte des 50 ans du CFSI dont nous vous avons parlé en début d’année.
Aujourd’hui, rappellent les lanceurs de la pétition (télécharger ci-dessous), les 20 pays qui prétendent répondre aux problèmes de l’agriculture ont sur les 20 dernière années :
- démantelé les politiques agricoles nationales et régionales (la Politique Agricole Commune, PAC, par exemple) au nom du dogme du "libre" commerce ;
- diminué les financements destinés à l’agriculture paysanne et familiale;
- favorisé la spéculation financière sur les produits agricoles, source d'une instabilité des prix très défavorable aux agriculteurs et aux consommateurs pauvres;
- laissé libre cours aux accaparements de terres par des entreprises et des gouvernements, qui entraînent des déplacements de populations et privent les communautés rurales de la terre qui constitue leur seule source de nourriture;
- favorisé le développement d’agrocarburants industriels, qui contribuent à l’augmentation du prix des produits agricoles avec des conséquences désastreuses sur l’environnement ;
- ils n’ont pas réglementé les entreprises opérant à l’étranger, dont les activités occasionnent souvent des violations des droits des populations locales, notamment le droit à la terre, à un environnement sain, et le droit à l’alimentation.
De plus, au-delà de la légitimité douteuse de ces 20 pays à résoudre seuls les problèmes du monde, se pose la question de leur capacité à le faire. En effet, ce sont les mêmes qui prétendent avoir éradiqué les paradis fiscaux et le secret bancaire.
Sans être naïve quant aux intentions de nos dirigeants, la pétition leur demande néanmoins de favoriser des politiques, des modes de production et de consommation durables et équitables qui permettent aux États d'assurer leur souveraineté alimentaire et le droit à l'alimentation de leur population. Ces politiques doivent :
- soutenir et protéger l’agriculture paysanne et familiale respectueuse de l’environnement, en Europe et dans les pays du Sud ;
- prendre en compte les besoins spécifiques des paysannes, nombreuses dans les pays du Sud ;
- rétablir des mécanismes publics de stockage, de stabilisation des prix et de maîtrise de l'offre aux niveaux national et régional, favorisant les exploitations paysannes et familiales et garantissant un revenu stable aux agriculteurs et des prix raisonnables aux consommateurs ;
- s’attaquer à la spéculation sur les produits agricoles ;
- arrêter les accaparements de terre et le soutien massif aux agrocarburants ;
- renforcer, réformer et démocratiser les Nations unies, afin qu'elles deviennent l'instance principale de décision de ces régulations mondiales, fondées sur la souveraineté alimentaire, la coopération et la solidarité.
De son coté, Max Havelaar France, fort de 20 ans d’implication dans le commerce équitable labellisé, appelle dans une lettre ouverte (télécharger ci-dessous) ces mêmes dirigeants à s’inspirer de l’exemple du commerce équitable pour réguler le commerce mondial des denrées alimentaires.
Pour un commerce basé sur le développement d’initiatives collectives et le partenariat plutôt que sur la compétition ! Un commerce qui favorise la justice économique et social plutôt que les dumpings ! Un commerce qui bénéficie aux populations et à l’environnement plutôt qu’aux seuls spéculateurs !