Élections étudiantes : Ingénieurs sans frontières se mobilise - et les organisations étudiantes réagissent !

Le CNESER (Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche) assure la représentation des établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel. Cette année, les élections se dérouleront du 22 mai au 2 juin. Ingénieurs sans frontières revendique quelques mesures à destination de toutes les instances représentatives étudiantes, afin qu'elles les intègrent dans leurs programmes. Les groupes locaux sont invités à discuter avec leurs élus sur le meilleur bulletin à mettre dans l'urne !
Élections CNESER
@Université Confédérale Léonard de Vinci

Dans toutes les universités et grandes écoles de France, des étudiants sont élus, et ils représentent leur établissement tout au long de l'année via des instances comme le conseil d'administration de leur école.
Ces étudiants élus donnent leur voix à 11 autres étudiants, c'est le collège étudiant du CNESER. Plusieurs instances représentatives peuvent siéger au CNESER, dont les syndicats étudiants.

En 2015 par exemple, il était composé de 5 élus de l'UNEF (Union Nationale des Etudiants de France) , 5 élus de la FAGE (Fédération des associations générales étudiantes) et 1 élu PDE(Promotion et Défense des étudiants). Puisque ce sont des étudiants élus qui en élisent d'autres, on dit que le collège étudiant est élu au suffrage indirect.

Depuis une dizaine d’années Ingénieurs sans frontières a entamé une démarche de recherche-action visant à questionner le cadre actuel de formation des ingénieur·e·s, pour mettre en place les conditions d’une formation critique et citoyenne au service de tous. En 2014, Ingénieurs sans frontières publiait son manifeste pour une formation citoyenne des ingénieur·e·s, clarifiant son positionnement sur ces questions. Aujourd’hui, l'association propose une déclinaison plus opérationnelle (en pièce jointe) des lignes directrices exposées dans le manifeste, qui peut constituer une source d’inspiration pour le programme des élections du CNESER 2017 (Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche) en ce qui concerne la partie école d’ingénieur·e·s.

Cependant, Ingénieurs sans frontières reste avant tout une organisation de solidarité internationale et d’éducation populaire qui n’a pas vocation à devenir une organisation représentative au niveau national. C’est pourquoi l'association a sollicité les organisations étudiantes pour avoir leurs réactions et engagements sur les 8 revendications exposées ci-dessous. Chaque point est étayé avec des propositions d’actions qui sont des exemples non exhaustifs pour atteindre ces objectifs à moyen terme.


Le 17 mai, un récapitulatif des réponses à ces 8 revendications (directes ou à travers l'analyse des programmes publiés) sera publié.


1. Promouvoir une diversité de représentations étudiantes dans les écoles
• Inviter systématiquement les syndicats étudiants en début d'année scolaire afin d’informer les étudiant·e·s de l’existence de différentes organisations nationales représentatives.
• Établir des listes publiques et accessibles des élu·e·s dans les conseils centraux des écoles afin de faciliter le dialogue entre élu·e·s et organisations nationales représentatives.


2. Renforcer la représentation étudiante
• Aménager les emplois du temps des étudiant·e·s pour les fonctions de représentation.
• Créer des sièges étudiants à la Commission des titres d’ingénieur (CTI).
• Renforcer la représentation étudiante au sein des conseils centraux dans les universités et écoles et fixer le nombre de sièges au prorata du nombre d’étudiant·e·s.


3. Engager le décloisonnement de l'enseignement supérieur français entre universités et écoles
• Aller vers un alignement juridique entre universités et écoles, notamment en termes de gouvernance : à minima, alignement du nombre de personnalités extérieures dans les conseils des écoles sur celui des universités (moins élevé), et alignement du nombre de représentant·e·s élu·e·s des étudiant·e·s sur celui des universités (plus élevé).
• Harmoniser les budgets alloués aux écoles et aux universités : mettre fin au différentiel existant par tête d'étudiant entre les universités et le système classes préparatoires/écoles pour assurer un accès à l’Enseignement supérieur et la recherche (ESR) de la meilleure qualité possible à tou·te·s.
• Augmenter les passerelles entre les différentes filières pour enrichir et augmenter l’interdisciplinarité des parcours. Rendre l’accès à ces passerelles plus égalitaire entre les étudiant·e·s des universités et ceux des écoles.
• Faciliter l'accès aux formations d'ingénieur·e·s. La démocratisation de l'ensemble de l'ESR est indispensable et nécessite de mettre fin à l'idée d'excellence ou de compétition entre les formations, entre universités et écoles aujourd'hui, entre les futurs pôles d'excellence type IDEX demain.
• Discuter les décisions relatives aux écoles d’ingénieurs, au même titre que les autres établissements d’enseignement supérieur : au sein du CNESER, les décisions concernant les écoles ne doivent pas nécessairement suivre les avis de la CTI, qui n'est pas l'organe décisionnaire.


4. Questionner l'adéquation de l'Enseignement supérieur et la recherche publique avec l'intérêt général, en particulier les choix sociétaux engagés au niveau national et international
• Mettre en cohérence, a minima, les ambitions nationales de transition écologique et de lutte contre la précarité avec le domaine des spécialisations possibles en école d’ingénieur·e·s. Sans retirer toute indépendance et autonomie aux établissements d’ESR, certains domaines de la transition sociale et écologique demandent de disposer d’ingénieur·e·s et de chercheur·se·s formé·e·s différemment (technologies plus sobres dans l’utilisation de ressources non renouvelables, accompagnement vers des pratiques agroécologiques, ingénierie ouverte/du libre, etc.).
• Enseigner les impacts sociaux et environnementaux du domaine de spécialisation technique étudié.
• Maintenir et augmenter les financements publics pour mettre un frein à la recherche de financements privés qui orientent les enseignements vers des intérêts particuliers.
• Rendre obligatoire la déclaration des conflits d'intérêts actuels ou passés de l'ensemble des directions et des enseignant·e·s d’écoles d’ingénieur·e·s.
• Promouvoir le respect du droit du travail et des acteurs qui le défendent. En effet, les syndicats sont aujourd'hui trop souvent évoqués dans les cours comme des problèmes à écarter.


5. Inclure dans toutes les écoles des cours de sciences sociales permettant de construire un esprit critique et une posture réflexive chez les étudiant·e·s
• Assurer un travail de questionnement autour de la notion d'intérêt général au cours des études, notion dont le respect relève d'un travail réflexif et démocratique permanent.
• Promouvoir la pluralité de pensée et mettre en lumière les controverses animant les sciences et techniques.
• Prendre en compte la nature sociale et politique de la technique dans tous les enseignements.
• Structurer une réflexion systémique sur les enjeux de nos sociétés.


6. Engager la lutte contre la reproduction sociale
• Remettre en cause les systèmes de sélection méritocratiques favorables au maintien d'une société inégalitaire et à la reproduction des élites. En effet, cela présuppose que certain·e·s étudiant·e·s ne mériteraient pas l'accès à certain·e·s études et cela hiérarchise les étudiant·e·s selon leur conformité à des normes préétablies.
• Assurer l'accès à des ressources permettant l'autonomie de tou·te·s les étudiant·e·s durant leurs études comme cela se fait déjà au sein des écoles normales supérieures ou de l'École polytechnique à destination d'étudiant·e·s de classes sociales pourtant généralement élevées.


7. Ouvrir à d’autres perspectives que l’entreprise
• Ouvrir les critères de validation du stage de fin d'études pour permettre aux étudiant·e·s en ingénierie de faire leur stage également en association ou au sein de la fonction publique, ce qui est à l'heure actuelle interdit dans certaines écoles.
• Sortir de l'injonction à l'entrepreneuriat de soi qui s'impose en école et qui axe le parcours de l'étudiant·e sur la construction de son projet professionnel orientant tous ses choix dans l'unique objectif d'optimiser son CV. Face à une conception de l’ESR purement orientée vers la rentabilisation des études sur le marché du travail, réaffirmer la dimension émancipatrice de l’ESR comme un pilier de la société.
• Préserver le diplôme comme principal vecteur de la qualification des étudiant·e·s pour se prémunir de l’éclatement en liste de compétences.


8. Ouvrir les lieux de formations sur l'international pour confronter les savoirs, cultures et privilèges
• Faciliter les programmes d'échanges internationaux au sein des cursus ou d'années de césure. Ils doivent avoir pour finalité de promouvoir l'esprit critique et le questionnement des savoirs, culture et privilèges des étudiant·e·s.
• Renforcer les passerelles entre universités du monde entier, et non principalement entre pays riches économiquement, sans oublier la réciprocité de ces échanges : la venue des étudiants de ces pays doit également être facilitée.

 

La synthèse des réponses des organisations étudiantes est disponible ici !

 

Pour plus d'informations, n'hésitez pas à contacter Ingénieurs sans frontières : contact.formic@isf-france.org

9 mai 2017
Lola Guillot et Mathieu Dalmais
Thématique 
Catégorie