Étude de faisabilité de la mise en place d’une unité pilote de transformation à KOKOLOGO

Résumé 
ISF Nancy est chargé de récolter des informations pour le compte de l'association partenaire afin de décider si la mise en place d’une unité de transformation répondra à un ou des besoins, si elle favorisera la populations locale et qu’elle en assurera sa pérennité.
Groupes ISF 
Détails du projet 

L’Association pour le Développement Economique et Social en Afrique (ADESAF) soutient le développement économique et social des pays du Sud, de l’Afrique particulièrement  en contribuant à la formation professionnelle et à la création d’emplois par l’implantation d’activités solidaires génératrices de revenus pour les bénéficiaires.
Elle porte des actions pour défendre des populations estimées plus vulnérables (femmes, enfants, jeunes adultes et paysans) sur différentes thématiques (accès à l’eau potable et saine, accès à la santé, à l’alimentation, à l’éducation, sensibilisation à la solidarité…) le tout dans une optique de développement durable, en construisant des projets portés par des acteurs locaux et bien pensés afin d’assurer leur autonomie et leur pérennité.

Chaque année, une association burkinabé, Comité Baoré Solidarité (CBS) réalise un diagnostic participatif avec les paysans et la population de 8 villages de la commune rurale de Kokologho (32 200 habitants) afin d'étudier les problématiques et pour déterminer collectivement des solutions. C'est ce travail qui a conduit à la réflexion globale autour au programme de sécurité alimentaire et de réduction de la pauvreté (PPPSA-RP) dont fait partie le projet présenté ici.

À Kokologho, les agriculteurs n’ont pas accès à des outils modernes adaptés qui leur permettraient l’augmentation de leur productivité (problème de disponibilité). Ces derniers doivent se déplacer à la capitale pour trouver des artisans. C’est ce constat cumulé à faible création d’emplois locaux stables et au manque d’offre de qualification professionnelle locale (entraînant l’exode rural des jeunes) qui a débouché sur le premier volet du programme PPPSA-RP avec le centre de formation et de production agro mécanique. Ouvert depuis 2015, ce centre vise à assurer la formation agro mécanique de jeunes déscolarisés de Kokologho, en permettant leur insertion économique locale et de participer à la modernisation des techniques agricoles locales par la mise à disposition d’outils (notamment agro-écologiques comme la Kassine) adaptés aux besoins et au contexte agricole de Kokologho.

L’agriculture pratiquée dans la zone du projet est une agriculture de subsistance, essentiellement pluviale. En raison de l’effet du changement climatique, la productivité déjà faible est en baisse constante, conséquence des pratiques de production, de l’érosion hydrique et éolienne des sols, ou encore des sécheresses répétées. Les cultures vivrières (mil, sorgho, riz, maïs) occupent à elles seules plus de 90 % des superficies. Les cultures de rente concernent l’arachide, le niébé, le sésame, la patate et le manioc. L’agriculture est dominée par de petites exploitations familiales dont les superficies moyennes varient de 3 à 5 ha pour des unités d’exploitation dont le nombre des membres se situe entre 6 et 10 personnes. La grande majorité des productions est auto consommée par la population. La zone du programme connaît très souvent des déficits céréaliers. Les producteurs, isolés, peu organisés et sans capacité de stockage, subissent les fortes variations des prix des produits agricoles en période de récolte et de soudure.

A Kokologho, le phénomène de malnutrition et de sous-nutrition est très important dans les couches les plus pauvres de la population et notamment chez les enfants. Dans cette zone, les femmes sont les plus touchées par le phénomène de la pauvreté. Seules très peu d’entre elles travaillent dans la transformation des produits locaux (beurre de karité, soumbala, dolo), transformation qui se fait le plus souvent individuellement et sans matériel. Pourtant cette activité est fortement rémunératrice. Ce qui fait que beaucoup de femmes souhaitent travailler dans la transformation agricole. Par ailleurs, et paradoxalement, Kokologho est situé sur l’axe Bobo Diolaso -Ouagadougou à seulement 40 km de Ouagadougou, de nombreuses opportunités de développement sur le marché urbain de la capitale existent pour des produits transformés.

Un véritable marché potentiel existe pour la transformation de produits issus de Kokologho à la fois des produits très nutritifs et / ou accessibles aux plus pauvres comme des produits pour des classes moyennes de Kokologho ou de Ouagadougou. Pourtant, on note l’arrivée de produits importés sur le marché rural de Kokologho qui viennent concurrencer des produits traditionnels.

C’est pourquoi l'ADESAF a décidé de se lancer dans la mise en place d’unités de transformation, qui offriront de l’emploi aux habitants, principalement des femmes écartées de l’accès aux bonnes terres agricoles et auxquelles sont le plus souvent confiées ces tâches de transformation. Pour s’assurer de répondre à un réel besoin et de s’assurer le soutien et la participation des acteurs locaux, l'ADESAF souhaite d’abord commencer par la mise en place d’une unité pilote à Kokologo, en réalisant au préalable une étude de faisabilité de cette mise en place.

Les étudiants membres d'Ingénieurs sans frontières devront donc analyser la faisabilité de cette unité de production et déterminer quels sont les meilleurs produits de base à transformer, au vu de la production et de l’impact environnemental, ainsi que le produit optimum de transformation, selon les besoins locaux qui seront estimés. Ces produits transformés devront en effet répondre à une demande et à des besoins nutritifs réels, afin de contribuer à améliorer la santé des habitants et les revenus des agriculteurs, dans une démarche de consommation et développement locaux. C’est pourquoi, ISF Nancy réalisera durant l’été 2017 (30 Juillet au 23 Août) une étude de faisabilité, une étude de marché et la récolte d’informations à propos de cette potentielle filière. Le but étant de s'assurer que la filière de transformation soit utile au plus de personnes possible, qu’elle contribue à la création d’emplois dans la région, notamment pour les femmes, qu’elle permette de lutter contre les carences alimentaires (en développant un produit transformé intéressant pour ses qualités nutritives afin d’obtenir un produit concentré permettant de pallier à certaines carences dans l’alimentation), tout en respectant l’environnement et en promouvant l’agro-écologie.

Les bénévoles d'Ingénieurs sans frontières devront notamment analyser les besoins des consommateurs, les capacités de production des agriculteurs, les transformations possibles et les compétences des futurs transformatrices. Ils étudieront les différentes cultures présentes sur la région (moringa, néré, riz, maïs, mil, sorgho…), leurs différentes qualités nutritives et les différents produits transformés qu’elles peuvent donner (poudre de moringa, soumbala à base de néré, farine et couscous de sorgho et mil…).

Puis, de retour en France (fin d’année 2017), ils chercheront à planifier les filières de transformation déterminées par cette étude grâce à des recherches concernant les normes d’hygiène et de conditionnement. Si cela s'avère faisable, alors le groupe participera à sa mise en place durant l’été 2018.

L’objectif final étant de développer une coopérative menée par des femmes et des jeunes qui pourront assurer la vente de la production et donc leur assurer un salaire. Ce projet rentre en complémentarité avec d’autres projets réalisés dans le cadre du « Programme participatif de promotion de la sécurité alimentaire et réduction de la pauvreté (PPPSA-RP) » porté par CBS, et vise donc à lutter efficacement et de manière pérenne et autonome contre la faim et la malnutrition des villageois, qui n’est pas seulement une conséquence d’une sous-production mais également d’une pauvreté monétaire, d’une mauvaise répartition des ressources et d’une place sociale négligée de la femme .

Rôle d'ISF 
Tout d’abord, le groupe visitera quelques marchés pour confirmer ce qui se vend, ce qui est consommé et ce qui manque sur le marché de la région, en s'entretenant avec les vendeurs. Ensuite, il questionnera les agriculteurs de Kokologo sur leur capacité de production et éventuellement une augmentation de leur production via les techniques d’agro-écologies enseignées sur place par un centre de formation. Ils seront interrogés sur leur éventuelle participation au projet de l’unité (fournisseurs de matières agricoles) et sur leurs propres habitudes de consommation et quels produits transformés leur seraient utiles. Les autorités locales (chefs, conseils villageois) et les habitants seront également mis à contribution pour mieux connaître leurs besoins alimentaires spécifiques et leur enthousiasme face à l’achat de produits locaux et agro-écologiques pour répondre à d’éventuelles carences nutritives. Enfin, le groupe aura pour rôle annexe de récolter des informations sur la situation de la femme dans la société burkinabé, ce qui pourra éventuellement justifier d’autres actions du partenaire l'ADESAF sur cette thématique.
Localisation 
KOKOLOGO, Région du Boulkiemdé, Burkina FASO
Période 
Depuis 2017
Projet terminé
Partenaires 
Association pour le Développement Economique et Social en Afrique (ADESAF)
Thématique