Exploitation des ressources naturelles en RDC : un paradoxe inacceptable
Les cinquante personnes présentes dans la salle ont d’abord assisté à une présentation de l’histoire de la République démocratique du Congo (RDC), depuis l’ « annexion » du territoire par Léopold II en 1885 jusqu’à aujourd’hui. Ce pays est ce que certains appellent « un scandale géologique » qui souffre de la « malédiction des ressources » : bien que caractérisé par un sous-sol riche tant en minerais qu’en hydrocarbures, il souffre d’une grande pauvreté et d’un développement ralenti.
Dans un contexte de guerres et de conflits particulièrement intenses depuis 1996, alimentés pour partie par l’exploitation illégale de plusieurs métaux (uranium, tantale, étain, cuire, or, etc.), la RDC se voit sollicitée par un grand nombre d’entreprises étrangères pour l’énorme potentiel qu’elle détient.
M. Mbangu a insisté sur le fait que la malédiction des ressources que subissent les congolais ne se réduit pas au seul problème de la corruption : « la corruption s’organise autour de celui qui prend mais aussi de celui qui donne ». Comment parler de partenariat économique équitable lorsque le Fond monétaire international et la Banque mondiale ont influencé les décisions du gouvernement congolais dans la réévaluation de la loi minière notamment, par des renégociations sur la dette du pays, contractée sous Mobutu ?
La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) [1] s’est donc lancée dans un grand programme de formation et de mobilisation sur les ressources naturelles, en particulier minières et énergétiques, afin d’augmenter les prises de conscience collectives sur les risques humains, politiques, sociaux et environnementaux associées à ces activités. La sensibilisation de la CENCO s’adresse en priorité aux mineurs artisanaux et à leurs proches, particulièrement concernés par ces risques.
Les participants ont également pu être sensibilisés à cette occasion, en tant que consommateurs et citoyens, aux impacts graves des métaux - qui sont indissociables de leur quotidien - et à l’importance du lobbying politique et industriel de la France en RDC, avec notamment l’intervention active sur le terrain de Total et de Perenco.
Cette rencontre a donc consisté en un témoignage fort de M. Mbangu sur les réalités trop peu connues des systèmes extractifs : « Pourriez-vous remercier le mineur artisanal qui, par son travail au fond d’un puits en Ituri, vous permet de communiquer et de voyager ? ».
[1] La CENCO a mis en place la CERN, chargée de la déclinaison opérationnelle du programme de mobilisation et de formation sur la question des ressources naturelles.