Le pied marin et la fibre solidaire
Le 18 octobre dernier, le voilier « Jardin Bio » et son skipper Benoît Parnaudeau prenaient la mer en portant les couleurs d’Ingénieurs sans frontières lors de la transat « la solidaire du chocolat » entre Saint-Nazaire et Progreso au Mexique. Même si l’aventure en mer fut écourtée par une avarie, la transat a permis le montage d’un projet solidaire et la rencontre avec le skipper engagé. Entretien.
Photo B. Parnaudeau
ISF - Comment devient-on un marin militant pour la protection de l’environnement et pour une économie plus solidaire ?
Benoît Parnaudeau - La passion de la mer m’a confronté directement à la pollution humaine de notre environnement. Les sacs plastiques et déchets ne sont pas rares sur l’océan. Cette révolte face à l’irresponsabilité de l’Homme s’est traduite par mon appui à la création en 2000 de l’Association Echo-Mer, auprès de son fondateur David Beaulieu. Par ailleurs, participer à des courses au large m’a conduit à l’autre bout du monde, dont une escale à Panama. À cette occasion, c’est la misère que j’ai rencontrée. Mon engagement environnemental s’est alors élargi aux enjeux de solidarité internationale, et plus particulièrement à la promotion du commerce équitable ainsi qu’au lancement d’une démarche d’économie solidaire.
ISF - Quelles formes prend cet engagement ?
B.P. - Les courses au large sont un très bon support de communication, le retour sur investissement est dix fois supérieur à celui d’une publicité classique de par l’image « propre » qui peut être véhiculée et la promotion interne potentiellement réalisée. De mon côté, j’ai choisi de mettre ce support au service de causes que je défends pour mieux les faire connaître. Je me suis tourné d’abord vers le commerce équitable, en portant les couleurs de Max Havelaar en 2004 lors du Vendée Globe, ou en choisissant des sponsors équitables.
Je défends aujourd’hui l’économie sociale et solidaire, avec un bateau dénommé «Entreprendre en coopérative». Les coopératives sont des entreprises fondées sur la solidarité et la démocratie, dont les associés contribuent à part égale en droits et en obligations. L’objectif économique des coopératives n’est pas la recherche du profit, mais la satisfaction des aspirations et besoins économiques, sociaux et culturels des membres. Je suis moi-même gérant d’une coopérative, Quai 17 Challenges, qui rassemble des compétences liées à la voile et à la course au large.
ISF – Est-ce difficile de financer ces projets ?
B.P. - Pour boucler un budget de course au large en choisissant ses sponsors en fonction de ses idées, cela demande surtout plus de temps, des budgets beaucoup plus serrés, des idées et un cercle d’amis mobilisables. Par exemple, le voilier de type Class40 sur lequel je navigue a été construit en partenariat avec l’École supérieure du bois de Nantes. Mais pour la prochaine Route du Rhum à laquelle je souhaite participer, qui partira de Saint-Malo pour rejoindre Point à Pitre en novembre 2010, j’espère faire financer ce projet uniquement par des coopératives..
10 mai 2010
propos recueillis par Guillaume Nourrit, bureau national
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