Sur le terrain face aux réalités du Sud : paroles de bénévoles ISF
Les membres qui partent en mission rencontrent immanquablement une situation imprévisible à un moment donné. Le plus souvent, elle est due aux multiples différences culturelles qui compliquent nos échanges avec les populations du Sud. La compréhension de ces différences dans le cadre de la mission, l’enseignement que les membres peuvent en tirer, et la valorisation de ces expériences de terrain sont aujourd’hui au cœur des projets réalisés par ISF. Des membres de groupe nous ont raconté leur expérience.
Un exemple criant de la foule d’incompréhensions qui entache nos relations avec le Sud est la vision que les gens de là-bas ont des « Blancs ». Adeline Bartoletti, partie en mission au Bénin avec ISF Compiègne, a observé que beaucoup sont restés sur l’idée que « le Yovo sait, car il est un Yovo » (signifiant Blanc en langue fon). Des raisonnements de ce type minent totalement la réciprocité de l’échange. « Battre ces préjugés en brèche et essayer d’avoir des relations sociales était de ce fait très difficile » rapporte Tanguy Martin d’ISF Montpellier, ayant connu des circonstances similaires lors de sa mission au Bénin et au Togo. Pour ces raisons, les bénévoles peuvent être confrontés à de la rétention d’information, comme l’a été Adeline, ou même à une attitude défensive et réservée, comme celle qu’a rencontrée Sarah Rokia au Mali : « Lors de l’entretien que nous avons eu avec une jeune femme, nous avons fi ni par nous rendre compte qu’elle se sentait comme contrôlée ou évaluée. Par conséquent, elle répondait “oui” à tout ce que nous demandions ! ».
Les membres ayant vécu de telles situations n’en sont ressortis que plus éclairés et pertinents dans leur réflexion. « La connaissance engrangée lors d’une mission est inestimable », remarque Tanguy. Mais le départ en mission ne représente pas à lui seul la totalité de l’apport humain. Comme le souligne Jérôme Bevert, parti avec Sarah en mission pour ISF Nancy : « Je me suis aperçu de la quantité et de la diversité de connaissances que j’avais emmagasinées au fil de l’année, grâce aux weekends de formation. Les réunions préalables d’évaluation, organisées avec des experts de la fédération, m’ont beaucoup aidé à prendre du recul vis-à-vis du partenariat et de la mission en elle-même. »
L’enrichissement personnel se poursuit bien après la mission, par le récit et la confrontation avec les expériences des autres. Un regard extérieur sur une situation vécue peut en changer toute l’interprétation ! Le weekend « retour » joue en cela un rôle essentiel. D’autres espaces d’échange restent à développer et à systématiser.