COP 21 : que penser de l'Accord de Paris ?
Avant d’ouvrir le débat, rappelons le contenu de cet Accord de Paris : parvenir à contenir le réchauffement climatique sous les 2°C… Affirmé dès le début du processus, l'objectif de limiter le réchauffement de la planète à 2°C d'ici la fin du siècle est bien rappelé 1,5°C dans l’idéal, à la demande des pays insulaires.
… en mettant en œuvre des politiques d’atténuation…
Cet objectif doit s'atteindre par une réduction de nos émissions de gaz à effet de serre (GES) permettant d'atteindre la neutralité carbone1 dans la seconde moitié du siècle, en favorisant la conservation des puits de carbone, une économie résiliente et bas carbone. Les engagements de réduction d’émissions des États reposent sur le volontariat : ce sont les contributions nationales (Intended Nationally Determined Contributions, INDCs).
… mais aussi d’adaptation pour faire face au changement climatique…
L’accord ne se limite pas seulement à un engagement d’atténuation, il prône le renforcement des capacités d’adaptation des États face aux conséquences prévues du changement climatique, notamment en orientant les politiques de développement. Il reconnaît aussi que certaines pertes et dommages seront inéluctables, mais aucune responsabilité financière ne pourra être établie.
… en s’appuyant sur un financement international,…
Le mécanisme financier repose sur un fonds de 100 milliards de dollars par an (revu à la hausse régulièrement), composé des fonds des programmes de développement existants, au titre de l’adaptation et de l’atténuation, et d’un « Fond Vert » dédié aux politiques de développement durable.
… sur transfert de technologies, et le renforcement de capacités …
La collaboration internationale occupe une place importante dans l'accord, qu'il s'agisse d'échanges de « contributions » dans le cadre d'un nouveau « marché carbone » ou encore la création d'un mécanisme de transfert de technologies et de renforcement de capacités, en particulier en termes de développement durable.
… de manière transparente.
Le texte préconise de la transparence sur différents engagements pris (financiers, émissions de GES) sans développer un véritable mécanisme de contrôle, ni prévoir des contraintes et des sanctions.
Qu'en penser ?
Cette COP a été un véritable levier de mobilisation autour de la question du climat : mobilisation de tous les États, qui ont enfin reconnu la nécessité d’agir et réussi à trouver un accord, mais également mobilisation de l’ensemble des acteurs (société civile, entreprises, etc.). L’accord traite par ailleurs des questions d’équité, de pauvreté, et veut favoriser la coopération internationale. Cette prise de conscience est encourageante. Pour autant, tout n’est pas aussi réjouissant, et on s’aperçoit rapidement que rien de bien concret n'est proposé, ni de contraignant pour réduire les émissions de GES. Les engagements reposent sur le volontariat, et sont pour l’heure totalement insuffisants, nous orientant vers un scénario à +3°C. La transition énergétique, la fin des énergies fossiles, le prix du carbone sont les grands absents de ce texte. Il n’y a pas de remise en question du système actuel : croissance et solutions technologiques sont les maîtres-mots. On peut aussi regretter l'absence de mention spécifique sur les océans.
Face à l’urgence climatique, plusieurs choix s’offrent à nous :
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Se satisfaire de l’accord et ne rien faire au risque d’en payer le prix, environnemental, social et économique.
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Attendre des mesures contraignantes fortes sur les États et les entreprises.
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Maintenir la pression sur les décideurs et leur monter la voie en agissant à notre échelle dès maintenant ! La COP 21 est terminée mais la mobilisation ne fait que commencer !
Actuellement ouvert à la signature, l'accord entrera en vigueur après ratification par 55 États représentant au moins 55% des émissions de GES mondiales.
1Le taux de CO2 dans l'atmosphère reste au même niveau car il y a autant de carbone émis dans l'atmosphère qu'absorbé par les puits carbone.