« Un souffle pour l'eau », projet de pompe éolienne à Madagascar

De juin à juillet 2013, quatre membres d'Ingénieurs sans frontières Besançon sont partis dans le Nord de Madagascar, dans le cadre du projet « Un Souffle pour l'Eau ». Retour d'expériences.
Inauguration de l'éolienne
Inauguration de l'éolienne
Ingénieurs sans frontières Besançon

Pourquoi une pompe éolienne ?

Le projet « Un Souffle pour l’Eau » a été créé en 2010 sur une idée conjointe d’Ingénieurs sans frontières Besançon et de CALA France (Comité d’Aide aux Lépreux d’Antalaha), dans le but de trouver une solution au problème de la difficulté d’accès à l’eau potable à Madagascar, plus particulièrement dans la région d'Antalaha (Nord-Est du pays). En effet, beaucoup de puits de cette région sont laissés à l’abandon à cause de leur dégradation, et de la difficulté pour les lépreux d’utiliser des puits à main. De fait, le village de Belfort, à 6 km au Nord d’Antalaha, a été touché par une épidémie de lèpre. Elle a été enrayée, mais les habitants souffrent encore des lésions de la maladie.

Le groupe Ingénieurs sans frontières Besançon s’est penché sur le côté technique du problème. Le choix a été orienté vers une pompe Valdès, que fait tourner une éolienne Savonius. Ce système répond au cahier des charges initial, à savoir de tirer l’eau d’un puits sans moteur et sans être manipulé à la main, à la seule force du vent. Avantage de taille : il peut être fabriqué simplement, avec des matériaux de seconde main, facile à trouver sur place et à coût réduit.

Une fois les choix techniques effectués et un prototype réalisé en France, la finalisation du projet passait par un séjour sur place. Quatre membres d’Ingénieurs sans frontières Besançon, Emmy-Lou Giou, Julien Di Mauro, Raphaël Barnouin et Pierre Gaulon sont partis, accompagnés par une élève de Sciences Po Lille, Pauline Siret, venue pour réaliser un reportage sur cette mission.

La mission a permis de former les habitants de Belfort Village à la construction du système de pompe et d’éolienne, et bien sûr la construction sur place d'un premier exemplaire avec leur aide sur place. La transmission du savoir et des technologies par le groupe tout en prenant en compte l’avis et les conseils des Malgaches présents a permis une pérennisation de ce mode d'accès à l'eau, peu couteux, écologique et durable.


 

Madagascar, terre de contrastes

Tout d’abord, le groupe a découvert une capitale très pauvre et très polluée. La situation économique oblige la population à se débrouiller seule pour gagner de l’argent. Vendeurs à la sauvette et mendiants sont légions. De plus, les contrastes sont flagrants : le groupe a été fortement frappé cette image d’enfants mendiants sous un panneau publicitaire flambant neuf.

Durant les 3 jours de voyage pour rallier Antalaha, la route était jalonnée de plusieurs villages dont la plupart des habitants semblaient désœuvrés. En effet, ils souffrent de la sécheresse. Comme il n’y a pas assez d’eau, il n’y a pas assez de cultures, donc ni travail, ni richesse.

Contrairement à la capitale, le Nord est une région plus verte, beaucoup moins sèche. La vanille, le cacao, le café et autres denrées y poussent abondement. Ces régions sont donc plus riches, mais ces richesses ne sont pas détenues par les Malgaches. Ce sont des familles de Français, de Chinois ou d’Indiens qui possèdent ces cultures et exportent. Les Malgaches ne sont qu’employés, et souvent exploités, sur leurs propres terres.

Cependant une réelle dynamique au sein de la population peut être décelée. Par exemple, Ericlin, le guide sur place, et qui a participé à la formation, a fait découvrir au groupe tout ce dont il est fier dans sa région, comme le combat traditionnel malgache. Son frère était un des participants aux combats et faisait sa fierté. Il a tenu également à leur montrer la réserve naturelle Macolline et toute la richesse et la diversité de la flore et de la faune malgache. Le plus marquant chez lui, est qu’il travaille énormément pour son rêve. N’ayant pas assez d’argent pour aller à l’école, il alterne travail et études, pour devenir médecin en France.

Le groupe a réellement senti qu'ils apportaient quelque chose aux autres participants de la formation, tout comme eux leur avaient apporté un point de vue intéressant, local, sur notre travail. À la fin de celle-ci, ils avaient envie de développer eux-mêmes leur propre système, et qu’ils pouvaient entreprendre plutôt qu’être employés. C’est en quelque sorte une émancipation mutuelle ou chacun apporte quelque chose à l’autre.

17 février 2014
Pierre Gaulon
Thématique 
Groupe ISF