"Tiens, j'ai cru voir une offre de stage", un projet prometteur

L'idée vient d'une discussion dont la logique semble d'une évidence indéniable, un soir de décembre, autour d’un bon repas chaud. Un des trois étudiants sort brutalement de sa réflexion.

« Hé, je viens de penser à un truc. »

Les deux autres tournent leur regard vers lui, curieux de savoir la nature de cette révélation soudaine.

« Pourquoi est-ce qu’à Ingénieurs sans frontières Nord, on cherche à porter des messages véhiculant nos opinions et valeurs, au travers d’événements de sensibilisation, plutôt que de partir d’un réel besoin de ceux à qui on s’adresse ? Ce serait beaucoup plus efficace et moins ponctuel que nos actions de sensibilisation habituelles, et on parlerait à des gens qui ont réellement un besoin et une envie de trouver plus d'informations.

En prenant du recul, on en est arrivé là dans notre cheminement intérieur en vivant des choses et en nous ouvrant sur d’autres horizons, d’autres cultures. Or, ces différentes cultures sont à portée de main ! Il suffit de regarder toutes les initiatives citoyennes, d’économie sociale et solidaire, d’éducation populaire, de solidarité internationale... Toutes ces branches sont autant de portes ouvertes sur une culture différente que celle dans laquelle baignent la plupart des étudiants ingénieurs.

- Oui, c’est sûr, mais comment veux-tu inciter des étudiants à aller d’eux-mêmes à la découverte d’un monde qui leur semble totalement utopiste, hippie ou "bisounours" ?

- Qu’est-ce que tous les étudiants cherchent et ne trouvent qu’avec difficulté en école d’ingénieur?

- Un stage ?

- Exact, en proposant des stages dans ces milieux "alternatifs", on pourrait communiquer nos valeurs aux étudiants de manière indirecte mais sacrément efficace ! Rester entre un et six mois dans un environnement différent tout en aidant sur les projets en cours, c’est une expérience de vie et ça t’ouvre l’esprit.»

En dix minutes, le projet Tiens, j’ai cru voir une offre de stage vient de naître à Ingénieurs sans frontières Nord.

Ce projet consiste donc à démarcher des organisations "alternatives" (entreprises et associations ayant une éthique forte, dont les valeurs sont en accord avec celles d’Ingénieurs sans frontières) et de proposer ensuite des stages aux étudiant-e-s ingénieur-e-s dans ces organisations. Lors du démarchage, deux arguments sont mis en avant :

- accueillir un-e stagiaire constitue un appui parfois conséquent pour les activités de l’organisation ;

- recevoir un-e étudiant-e ingénieur-e est l’occasion de lui montrer un monde différent, où l’éthique passe avant l’économique, ce qui fait souvent partie des missions des organisations démarchées.

Un annuaire en ligne listant les offres de stage a été réalisé et peut être consulté à tout instant par les étudiant-e-s. Mi-janvier, sur les 50 organisations contactées, une quinzaine avaient répondu positivement et ont maintenant une page dans l’annuaire. Le projet lancé fin décembre a permis, en seulement 4 semaines, à 6 étudiants ingénieurs (non membres d’Ingénieurs sans frontières) de trouver un stage.

Lors de la communication autour de ces offres de stage auprès des étudiant-e-s, le nom d’Ingénieurs sans frontières ou les expressions "développement durable", "écologie", etc, ne sont pas affichés. Cela part du principe que de nombreux étudiants ont une image caricaturale des acteurs du changement (dont les membres d’Ingénieurs sans frontières). Cette fameuse catégorisation systématique retire toute la crédibilité des initiatives alternatives aux yeux de certains. C’est trop "hippie" ou "altermondialiste", entendra-t-on dire. Ainsi, les curieux et curieuses ne se rendent compte qu’il s’agit uniquement de stages "alternatifs" qu’une fois avoir consulté la liste. Ils auront donc écouté le message ; libre à eux ensuite de se dire que c’est une bonne opportunité ou que cela n’est pas pour eux.

La seule difficulté réside dans l’acceptation du projet par l’administration des écoles d’ingénieurs. A Ingénieurs sans frontières Nord, le choix a été fait de ne pas diffuser le projet par les canaux de communication habituels de l'école et de l'administration, car cette démarche aurait pu entrer en conflit avec la politique menée auprès des grands partenaires de l’école. Les offres de stage sont donc proposées en dehors de l’enceinte de l’école, via le bouche-à-oreille et via les réseaux sociaux.

Le projet peut s’étendre sur d’autres villes, avis aux groupes locaux d’Ingénieurs sans frontières ! Le démarchage est désormais on ne peut plus simple, l’accès au document de recherche de stages est libre et on y trouve :

- un mail type pour contacter les organisations

- des pistes de réseaux (associatifs, de SCOP, d’ESS…) pour trouver des organisations "alternatives"

- un tableau des organisations déjà contactées, facile à lire et à compléter

Le document de recherche de stages est consultable ici, ainsi que l'annuaire des offres.

Pour plus d’informations, et pour obtenir les droits de modification des documents, contacter Antoine Desjonquères.