Les systèmes miniers sont-ils des projets de développement ?

Lorsqu’il s’agit de projets miniers, les grandes institutions comme la Banque Mondiale ou la Banque Européenne d’Investissement justifient leur soutien en affirmant que ces dispositifs contribuent au développement des pays concernés. Cependant, peut-on si aisément assurer que ces systèmes sont des projets de développement ?
Rivière polluée par le sulfate de cuivre près d'une mine en Zambie
Rivière polluée par le sulfate de cuivre près d'une mine en Zambie
Photo Les Amis de la Terre

Comment pourrait-on se convaincre que les graves impacts au Zambie sont compensés par les bénéfices tirés de l’exploitation du cuivre ? Est-il possible de négliger l’influence des mines d’or, de tantale et de diamants dans les conflits qui déchirent encore la République Démocratique du Congo aujourd’hui ? Lorsque les dangers associés à ces industries sont sous estimés, il est fréquent d‘aboutir à des situations dramatiques de ce type.

 

 

Des risques qu’on ne peut plus ignorer


Les systèmes miniers représentent une manne financière considérable qui attire les convoitises des entreprises du monde entier et des dirigeants des États les plus fragiles. Du point de vue environnemental, les surfaces investies sont souvent importantes et les rejets de substances toxiques, requises pour le traitement du minerai, sont rarement maîtrisés. Du point de vue socio-économique, il n’est pas rare que ces dispositifs déstabilisent l’économie locale (afflux de travailleurs clandestins, diminution des activités agricoles et artisanales) voire ne s’intègrent pas dans le paysage économique du pays (pas de valorisation de la main-d’œuvre et des savoir faire locaux, non-redistribution d’une part substantielle des bénéfices à l’État). À l’aube du XXIe siècle, il devient nécessaire car possible de concilier les notions de développement humain et économique pérennes, de respect environnemental et d’exploitation des matières premières minérales.

 

 

 

 

Changer les pratiques


Pour les acteurs du Nord, il s’agit de subventionner autrement plutôt que d’investir. La coalition internationale Publish What You Pay conteste régulièrement les pratiques d’investissement de la Banque Mondiale dans les projets miniers. Celle-ci a depuis mis en place la Revue des Industries Extractives (EIR). La EIR marque un tournant dans la politique de subvention de la Banque Mondiale : l’objectif de traçabilité des matières premières, sur le modèle du Processus de Kimberley pour les diamants, est clairement annoncé. La Communities and Small Scale Mining Initiative propose de son côté d’améliorer l’extraction minière artisanale par la promotion d’un modèle de développement durable.

D’autre part, les acteurs du Sud cherchent à développer leurs propres normes comme les codes miniers, leurs propres partenariats et organisations économiques. C’est seulement en imposant de bonnes pratiques que les projets miniers peuvent participer au développement de ces pays..

 

 

16 décembre 2009
groupe ISF Nancy
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Groupe ISF