Les compensations Carbone : outils de financement du développement ?

Ces dispositifs sont de nouveaux outils de financement du développement qui peuvent apporter des effets de levier importants dans la mise en œuvre de projet. Cependant, le marché de la compensation carbone peut apparaître comme un droit à polluer afin d’éviter des investissements plus couteux au nord mais comme le souligne Macouba Diagne, directeur général du Cabinet Espère Sénégal : « L’Afrique doit faire face au changement climatique, alors pour des émissions de CO2 incompressibles au nord pourquoi ne pas permettre au sud de s’adapter »
Foyers Jambar
Foyers Jambar
Enda
Le bois est une des principales sources d’énergie pour les populations des pays en développement, or sa consommation n’est pas sans poser des problèmes environnementaux par la déforestation, sanitaires par l’exposition aux fumées, de sécurité du aux risques de feu et sociaux par de longs trajets pour les femmes pour ramasser le bois. Tous ces problèmes peuvent être limités par l’investissement dans des foyers de plus grande efficacité du type « jambar ». 
 
Ces foyers permettent une économie de bois (jusqu’à 70%) donc d’émissions de gaz à effet de serre mais représentent un investissement que ne peuvent pas se permettre une partie de la population.
 
En lien avec les communautés rurales de la région de Louga au Sénégal, le Cabinet Espère Sénégal filiale du Cabinet Espère France (SCOP de conseil en développement durable et Bilan Carbone) accompagne le développement d’un dispositif de micro finance carbone. Ce dispositif allie microcrédit pour permettre aux familles d’investir dans les foyers jambar et compensation carbone volontaire proposée aux organismes et particuliers européens. 
 
Chaque foyer jambar installé représente, au bout d’un an, un volume de crédits carbone qui pourront être alors revendus.  Ces revenus ont permis la mise en place d’un fond communautaire et d’un fond de financement. Le premier participe à la démultiplication des microcrédits à d’autres villages de la région et le second revient aux populations qui ont déjà investi dans les foyers jambar afin de leur permettre d’améliorer leur condition de vie.
 
 « L’Afrique doit faire face au changement climatique, alors pour des émissions de CO2 incompressibles au nord pourquoi ne pas permettre au sud de s’adapter »
 
Le cabinet Espère travaille aujourd’hui sur la labellisation des crédits carbone suivant le dispositif Gold Standard. Les crédits compensatoires Gold Standard pourront  être négociés sur les marchés de la compensation obligatoire établis par le protocole de Kyoto. (Le protocole de Kyoto contraint les entreprises jugées les plus polluantes de racheter des crédits carbone si elles dépassent leurs quotas d'émission). Ce dispositif labellise des investissements à venir et non déjà réalisés, pour des volumes de crédits carbone très importants. 
 
Alors que le dispositif de compensation volontaire a permis d’aider au financement de plus de 250 foyers jambar en zone rural depuis 2009, le dispositif de compensation obligatoire pourraient financer plusieurs milliers de foyers pour des zones plus densément peuplées.
 
Ces dispositifs sont de nouveaux outils de financement du développement qui peuvent apporter des effets de levier importants dans la mise en œuvre de projet. Cependant, le marché de la compensation carbone peut apparaître comme un droit à  polluer afin d’éviter des investissements plus couteux au nord.  Pour apporter une réponse à ce risque, le cabinet Espère, à travers les bilans Carbone qu’il réalise, a toujours mis en priorité les pistes d’économie d’énergie avant de parler de compensation, et comme le souligne Macouba Diagne, directeur général du Cabinet Espère Sénégal : « L’Afrique doit faire face au changement climatique, alors pour des émissions de CO2 incompressibles au nord pourquoi ne pas permettre au sud de s’adapter ».
8 juillet 2011
Guillaume Nourrit
Catégorie