L'environnement à l'épreuve des Jeux Olympiques et Paralympiques

Lorsque nous regarderons la cérémonie d’ouverture, serons-nous nombreux·ses à penser aux filets anti-intrusion placés en travers de la Seine qui bloquent la faune piscicole ? Qui se souciera de cette roselière accueillant deux espèces d’oiseaux protégées, rasée pour la simple implantation d’un rail de travelling qui captera l’épreuve de kayak, ou bien de la très scandaleuse tour d’arbitrage de l’épreuve de surf dont l’implantation a réduit en poussière un massif corallien à Tahiti ?
Vue de Paris
ChatGPT

Les organisateur·rices pointeront cela comme des dégâts collatéraux qui seront compensés par ailleurs. Iels insisteront à l’inverse surtout sur d’autres aspects : la réduction des objets jetables, l’usage de véhicules électriques, et surtout sur le fait que cette édition Paris 2024 émettra deux fois moins d'émission CO2 que les JO précédents.

Certes, bien que son calcul soit contesté, le bilan carbone des Jeux montre des progrès. Le réemploi de structures existantes diminue fortement l’empreinte des Jeux mais les déplacements cumulés des athlètes, officiel⋅les et spectateur·rices représentent toujours un tiers des émissions. Devant l’impératif de remplir les stades, aucune solution n’est apportée, hormis l’énigmatique promesse d’une compensation carbone [3].

Pourtant l’envergure de l’événement a tout de même le mérite de susciter des investissements massifs. L’impératif de rayonnement culturel prenant alors le pas sur les logiques de rentabilité du secteur financier.

On peut citer alors le projet phare de Paris 2024 avec une cérémonie d'ouverture et des épreuves de baignade en Seine. Si effectivement cela n'a pas de pareil pour révéler le charme de notre capitale, ce projet ne peut se faire sans des investissements titanesques pour dépolluer la Seine. Lointain rêve sous Chirac, le plan « Baignade » a été relancé dans la perspective olympique, avec le déploiement de plus d’1,4 milliards d’euros pour l’amélioration du réseau d’assainissement parisien.

Pour l’heure, alors que nul·le ne sait si cela sera payant cet été, un véritable héritage est attendu. Au-delà de la possibilité de se baigner dès 2025 sur certains sites en Seine et en Marne, on constate l’amélioration de la qualité de l’eau, ainsi que la présence de 34 espèces de poissons en Seine quand seulement 2 espèces survivaient aux abords de Paris dans les années 80 [4].

Si les JO de cet été servent de leviers pour la réalisation de projets vertueux, nombreux sont les passe-droits environnementaux qui nuancent le bilan. Cette grande messe sportive se reproduit depuis un siècle sans remise en question de ses schèmes initiaux mêlant compétitivité et profits court-termistes. En bref, l'intégration des enjeux du changement climatique et de la crise écologique semble, par essence, inatteignable.

Cependant, le grondement de voix contestataires s’élèvent et devient de plus en plus perceptibles [4]. L'organisation des Jeux d'hiver 2030 en France se révèle comme une aberration écologique supplémentaire qui éveille de nombreuses perspectives pour envisager et lutter pour des Jeux auxquels nous pourrons enfin nous identifier.

 

Sources (dernières consultations en date du 12/05/2024)

[1]  « Paris 2024 : les élus écologistes s’inquiètent de l’impact des travaux des JO sur le lac Vaires-Torcy », Camille Corbel, La Marne, publié le 16/03/2023

[2] «Surf aux JO 2024 : À Tahiti, le chantier a déjà dégradé les coraux », Reporterre, publié le 4 mars 2024

[3] « Paris 2024 : la promesse de Jeux écologiques est-elle crédible ? », Thomas Baïetto, France Télévisions, publié le 12/05/2023

[4] « Dès 2025, la Seine va s’ouvrir à la baignade », Paris.fr, mis à jour le 08/04/2024

[5] « JO 2024. Youth For Climate, Saccage2024… Qui sont ces collectifs qui s’opposent aux Jeux de Paris ? », Antoine Ripoche, Ouest France, publié le 01/02/2024

20 août 2024
Annouk, bénévole de l’équipe MSP
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