Le parcours d’une ingénieure dans le monde associatif
Ingénieurs sans frontières – Quel a été votre parcours à Ingénieurs sans frontières ?, Qu’en avez-vous tiré d’un point de vue personnel et professionnel ?
Jocelyne Delarue – J’ai adhéré à Ingénieurs sans frontières lorsque j’étais en première année de l’INA PG (maintenant AgroParisTech). J’ai participé avec des étudiants de Chimie de Paris à l’étude d’une pollution par une mine de cuivre au Chili, à la demande des communautés situées en aval. De plus, j’ai participé à une formation à l’inter-culturalité et aux journées annuelles d’Ingénieurs sans frontières. Être membre d’Ingénieurs sans frontières m’a permis de connaître d’autres étudiants qui souhaitaient comme moi travailler ensuite dans la solidarité internationale. Cela m’a donné l’élan pour persévérer dans cette voie en recherchant et réalisant des stages dans plusieurs pays en développement. Cela m’a donc permis de progressivement donner corps à mon projet professionnel, même si pour le projet sur lequel je travaillais dans le cadre d’Ingénieurs sans frontières je ne suis pas partie.
Ingénieurs sans frontières – Ingénieure de formation, qu’est-ce qui vous a poussé à poursuivre votre carrière dans le monde associatif ?
J.D. – J’ai d’abord travaillé à l’Agence française de développement (AFD) pendant 13 ans (dont 3 ans de disponibilité pour faire une thèse de doctorat sur l’évaluation de l’impact de projets de développement agricole en Guinée). Les postes que j’y ai occupés m’ont davantage permis de me professionnaliser en gestion de projet qu’en ingénierie. Ma thèse, en revanche, intervenant après 7 ans à l’AFD, m’a permis de rafraîchir mes connaissances techniques et méthodologiques, en lien avec ma formation initiale. J’ai décidé de me réorienter vers le secteur associatif pour travailler davantage en partenariat avec la société civile au Sud. Gevalor met en oeuvre des projets dans un domaine dont je n’étais pas spécialiste, mais j’ai choisi de m’engager auprès de cette association dont l’action concerne avant tout les populations défavorisées avec mes compétences en gestion de projet. Mon poste de directrice d’une petite association est très polyvalent et me permet de constater plus concrètement les résultats de mon travail.
Ingénieurs sans frontières – Qu’est-ce qui définit selon vous un « ingénieur citoyen » ?
J.D. – Être citoyen signifie pour moi avoir une éthique personnelle et professionnelle conforme au bien public. Un ingénieur citoyen peut agir en mettant ses compétences au service de la collectivité, qu’elle soit nationale ou transnationale, par son travail et/ou son engagement associatif personnel. De plus, travailler dans le cadre de projets de développement avec des pays du Sud, en ce qui me concerne, cela donne un sens au temps et à l’énergie que je consacre à travailler, tout simplement..
L’association Gevalor a été créée en 2004 et développe des solutions pour la gestion des déchets adaptées aux conditions des pays du Sud. Gevalor appuie ses partenaires locaux dans le développement de leurs projets et dans l’accès à la finance carbone pour leur permettre d’atteindre une autonomie technique et financière. Pour plus d'informations : http://www.gevalor.org/