Formations d’ingénieurs : vous avez dit démocratie ?
Inscrire l’ingénieur dans la cité
Lorsque ISF s’est lancé dans ce programme, deux dimensions sont apparues évidentes pour faire évoluer les formations : renforcer chez les élèves ingénieurs une culture autour des problématiques environnementales et rendre incontournable l’apprentissage de technologies vertes propres à leur future filière d’activité professionnelle. Un troisième objectif est toutefois très vite devenu central : explorer le lien entre technologie et société. Cette question dépasse le cadre de l’ingénierie, mais de jeunes adultes souhaitant s’engager dans le développement de la technologie ne peuvent raisonnablement pas la laisser de côté. L’innovation technique impose inévitablement des choix sociaux et moraux. En démocratie, ce questionnement éthique ne peut rester cantonné à la sphère individuelle, au sein du laboratoire ou de l’entreprise, mais doit être partagé dans des espaces publics. Pourtant nos formations occultent fréquemment le fait démocratique et son importance dans la technologie.
Une époque porteuse de changement
Outre les réflexions historiques d’ISF autour de « l’ingénieur citoyen », différentes initiatives font actuellement émerger un espace porteur de changements. Le Réseau français étudiant pour le développement durable (REFEDD), lancé en 2007 pour rassembler les associations étudiantes œuvrant dans ce domaine, contribue notamment au « Plan vert » pour les campus. La Conférence des présidents d’université et la conférence des grandes écoles mettent en place un référentiel « développement durable » pour l’enseignement supérieur. Certains campus s’engagent dans des agendas 21 pour planifier des changements écologiques. Des enseignements commencent à aborder les questions environnementales pour attirer les étudiants et les entreprises.
Des propositions
Les bénévoles d’ISF souhaitent clairement porter une réflexion sur les contenus pédagogiques des écoles d’ingénieurs. Au-delà des propositions spécifiques à chaque filière, trois innovations pédagogiques sont soumises à nos écoles, et plus généralement au système éducatif et culturel : concevoir un enseignement sur les rapports entre technologie et société, apprendre aux futurs ingénieurs à questionner une technologie non pas uniquement en tant que scientifique mais aussi comme citoyen – en ménageant par exemple des espaces ad hoc dans chaque cours technologique – et enfin offrir l’opportunité à chaque jeune adulte de s’initier en s’engageant dans la vie de la cité, dans ou hors des cursus scolaires. Reste à convaincre les équipes pédagogiques de s’engager !