Classer les écoles d'ingénieur·es : une fausse bonne idée ?

Comme chaque année, la période du choix d'orientation pour les lycéen⋅nes s'accompagne de l'émergence de nombreux classements des "meilleures écoles d’ingénieurs". Constituent-ils des outils d’aide à la décision ou de construction d’une norme d’une bonne école d’ingénieur ?
Dessine-moi un·e ingénieur·e aux RESIC 2023
ISF France

L’Étudiant, L'Usine Nouvelle, Le Figaro, tous sortent chaque année un classement d'école d'ingénieur⋅es en se basant sur différents critères : le taux d'emploi dans les deux mois à la sortie de l'école, la sélectivité des concours ou encore le montant des frais de scolarité parmi beaucoup d'autres variables. 

Mais sous couvert d'objectivité chiffrée, ces classements véhiculent une image particulière de l'enseignement supérieur : celle d'un milieu en lutte de tous⋅tes contre tous⋅tes, où chaque école se doit d'être meilleure que sa voisine. Il ne s'agit plus de proposer une aide au choix des étudiant⋅es en fonction de leurs envies, mais de se situer dans une logique de compétition pour « avoir la meilleur école » , car classer implique d’opposer bon et mauvais, ou a minima « moins bon ».

Au delà de la philosophie prônée par les classements, il est également sain de s’interroger sur les critères retenus dans ces derniers. Pourquoi sélectionner certains critères et non d’autres ?

Si les critères de chaque classement sont différents, une constante se dégage : l’importance de l’insertion professionnelle. Qu’il s’agisse du taux de personne en CDI ou en emploi, au bout de deux ou de six mois, ou encore du salaire moyen en sortie d’étude, aucun classement n’y échappe. Cela ne traduit pourtant en rien la satisfaction des étudiant⋅es de leur emploi, de l’adéquation entre le contenu de la formation et leurs missions en entreprise, ni du sens de leur métier.

Des alternatives commencent à émerger, comme le classement ChangeNow qui choisi de s’intéresser à la transition écologique dans les écoles. Cela passe par la place de la transition dans les cours, la formation des enseignant⋅es ou encore l’implication des associations étudiantes sur les sujets socio-environnementaux. Malheureusement, il s’agit bien souvent de simplement centrer le regard sur un domaine différent, sans remise en cause de la logique inhérente au classement : choisir des indicateurs plus ou moins arbitrairement et comparer les établissements à l’aune de ceux-ci, en distribuant les bons points.

Au final, les classements ne sont pas seulement une conséquence de la compétition entre écoles, mais également une cause. En figeant une liste relativement immuable, ils entérinent une hiérarchie entre école sans prise en compte des spécificités de chacune, sans recul critique et en acceptant le choix des indicateurs et de leur pondération. Alors en l’absence d’un classement parfait et exhaustif, peut-être faut-il songer à ne pas donner leur donner trop d’importance ?

22 juillet 2024
Baptiste Oudart
Thématique 
Catégorie