Accéder à l’énergie ou protéger l’environnement? Un témoignage du Mali

A l’occasion du dernier colloque d'ISF sur l’énergie, nous avons pu interviewer Pierre Dembélé qui travaille pour le Mali-Folkecenter, une association malienne d’origine danoise. Pierre s’est formé dans les universités de Bamako et de Cotonou sur les politiques énergétiques locales.
Colloque d'ISF sur l'énergie
Colloque d'ISF sur l'énergie
Photo ISF

ISF - Quel est l’objet de votre association et quelles sont ses activités ?

 

Pierre Dembélé - Le Mali-Folkecenter (MFC Nyetaa), est une ONG créée en Juin 1999 qui agit pour la protection de l’environnement et la promotion des énergies renouvelables. Parmi les projets d’accès à l’énergie, on peut citer l’installation de plus de 50 systèmes solaires utilisés pour l’éclairage, la conservation des médicaments et le pompage de l’eau. Le centre a également réalisé des projets de plantation de pourghère, ou jatropha, une plante permettant de produire un agrocarburant avec très peu d’eau et d’intrants agricoles.

Autre projet, le programme « Sinsinbéré » a pour objectif le renforcement des capacités des femmes, l’éducation environnementale et le développement d’activités génératrices de revenu comme alternative à l’exploitation abusive du bois qui est la cause fondamentale de la déforestation. Le MFC Nyetaa est aussi partenaire du programme AREED (African Rural Energy Enterprise Development) au Mali.
 

 

ISF - Comment sont perçus les projets, y a-t-il une conscience écologique qui se développe au Mali ?

 

Je ne dirais pas ça. Par contre la population comprend bien que si elle nuit à son environnement, cela lui sera néfaste. Mais la façon européenne de promouvoir les énergies renouvelables par les effets globaux sur le climat ne passe pas. La population est sensible à son environnement immédiat. L’enjeu est maintenant de faire comprendre qu’il y a besoin d’alternatives. C’est pourquoi le MFC développe des projets qui valorisent des ressources locales.
 

 

ISF - Ces alternatives sont elles viables ?

 

Primo, pour être viable, une ressource locale doit être moins chère qu’une ressource extérieure. Pour cela, la formation de techniciens et de savoir-faire locaux est importante. Secundo, nos alternatives produisent des revenus et des ressources pour la population, qui permettent de payer l’accès au service énergétique. Par exemple les paysans produisant du pourghère se rémunèrent de la vente des graines et des plantes. Enfin, nous promouvons des modes de consommations sobres. L’enjeu est bien de générer un surplus de revenus à partir de la valorisation des ressources locales..

 

11 février 2010
propos recueillis par Maxime Chodorge, équipe Energie
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