40 ans d'évolutions : les ancien⋅nes témoignent

40 ans, c'est faire un point sur notre histoire, regarder le chemin parcouru. À cette occasion, nous nous sommes tourné·es vers les premier·es membres de la gouvernance de l’association, dans les années 80.
Propos mis en forme, basés sur des échanges avec : Christophe et Béatrice de Charentenay, Antoine Malafosse, Dominique Mary.
ISF France

Des évolutions importantes mais toujours avec une certaine continuité

La majorité des membres impliqué·es dans la gouvernance sont étudiant·es, avec le turnover régulier que cela implique. Pourtant, l’évolution de l’association pourrait être qualifiée de linéaire, comme si l’organisation était elle-même apprenante. À chaque changement de gouvernance important, et cette situation apparaît même si les périodes de tuilage sont privilégiées, il n’y a pas de remise en question des fondements. Finalement, l’association, indépendamment des êtres humains, est sur une voie de progression : elle grandit !

« Quand je l’ai quittée, je n’aurais jamais parié que l'asso franchirait la barre des 40 ans, en évoluant tout en gardant son âme, par des étudiant·es pour des étudiant·es, ça c'est resté en mûrissant énormément. C’est magique quand des organisations comme ISF arrivent à capitaliser et progresser ! » (Dominique Mary)

Cette continuité a permis de conserver la très belle dynamique de la fédération, basée sur la capacité à laisser de l'autonomie locale et en même temps à co-construire tous·tes ensemble.

Rapidement, une vision de la solidarité internationale d'avant-garde

A l’origine, la SI était centrée sur le « faire », principalement en Afrique, avec cette vision des ingénieur·es sachant·es qui apportent un projet financé. Le cursus ingénieur français, individualiste et élitiste, crée des volontaires qui pensent n’avoir besoin de personne, ce qui a conduit à plusieurs échecs. Très vite cependant, des conditions au départ ont été instaurées, comme la formation obligatoire pour les bénévoles partant à l’international (votée en CA au cours de l’été, vu que la fédération était mitigée à ce sujet !), ou la commission validant les départs. Aujourd’hui, le nombre de formations a beaucoup augmenté.

« On passait pour les vieux emmerdeurs ; il ne fallait pas briser l'énergie et la générosité des membres et pourtant il fallait encadrer les projets pour qu’ils tiennent la route. » (Dominique Mary)

Si dans les années 80 l’ECSI était balbutiante à ISF, même dévalorisée puisque considérée comme de l’intellectualisme, elle est maintenant largement répandue dans la fédération. Les missions de terrain prennent moins de place, au profit de réflexion plus globales et de projets toujours au service des solidarités.

Un positionnement actuel qui fait davantage débat

Oui, la fédération s’est politisée, et cette évolution ne semble pas faire l’unanimité chez les ancien·nes. Selon certain⋅es, le positionnement actuel se réfère trop à des débats français et est trop politique, en particulier la nouvelle charte. De plus, la politisation ne semble pas permettre d'avoir le maximum de personnes dans l'association.
Pour autant, une ancienne bénévole trouve formidable que la dimension citoyenne, éthique et politique, qui s'est développée dans l’association, soit aujourd’hui partagée par les jeunes. Que les étudiant·es soient intéressé·es par ces réflexions, et non uniquement par des projets de solidarité à l’international, est très positif ; à l’époque ce n’était pas du tout le cas !

Une fédération toujours passionnée

Ce qui semble n’avoir pas évolué, c’est bien la ferveur des jeunes militant·es et le plaisir à se retrouver !
Du rythme d’une journée de CA par mois à un week-end tous les deux mois aujourd’hui, les instances de gouvernance sont toujours des espaces importants de débat. Même si à l’époque, les discussions s’enflammaient et semblaient plus clivantes, dans l’ébullition des mouvements étudiants post 68 et avec le manque de maturité de la gouvernance d’une fédération naissante.

11 août 2022
Nicolas Brun, co-trésorier de la fédération
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