Gouvernance et accès à l'eau
Certains pays doivent faire face à des demandes supérieures aux ressources disponibles. La moitié de la population du Yémen, pays en situation de conflit, se trouve sans accès à l'eau potable. En cause, les bombardements et les déplacements de populations, mais aussi les stratégies de guerre qui visent parfois délibérément les points d'eau.
Ces difficultés d'accès se répercutent sur la santé. Aujourd'hui, une personne sur trois dans le monde n'a pas accès à de l'eau salubre. Même une personne mangeant à sa faim peut tomber en sous-nutrition en ne buvant que de l'eau non-potable ou non-traitée. De plus, la dégradation de la quantité et de la qualité de l'eau touche l'ensemble de la biodiversité. L'absence d'eau ravage les récoltes des agriculteur·rices et leur bétail. Cette situation pousse donc un grand nombre de personnes à se déplacer à la recherche d'eau.
Le droit à l'eau est aujourd'hui reconnu par deux tiers des États à travers le monde. Ce droit repose sur la disponibilité, l'accessibilité, la qualité, l'acceptabilité et l'abordabilité. En France ce droit est inscrit dans le code de l'environnement depuis 2006 (art. L.210-1). Pour autant le droit international de l'eau, qui régit le partage et la non-pollution des ressources en eau douce, possède des lacunes et engendre des rapports de force entre les dirigeant·es politiques de chaque pays.
Les organisations de solidarité internationale (SI), à travers de multiples missions d'aide au développement à l'international, n'ont pas manqué de diversifier les techniques de récupération d'eau et d'accès à l'eau pour répondre au sixième objectif du développement durable de l'Agenda 2030 élaboré par l'ONU.
Historiquement, les étudiant·es d’Ingénieurs sans frontières ayant porté un ou des projets de SI sur cette thématique sont intervenu·es dans de multiples pays : Madagascar, Togo, Sénégal, Tchad, Cameroun, etc. Leurs projets portaient sur les techniques d'irrigation des cultures, le pompage via un système éolien ou encore l’étude d'une filière assainissement.
Par ces constats, il est primordial d’interroger les raisons pour lesquelles des populations autrefois autonomes pour accéder à l’eau potable se retrouvent aujourd'hui dans cette situation catastrophique. Il est indéniable que l’histoire coloniale est une réponse, bien qu’elle ne soit pas toujours problématisée et vue comme un facteur essentiel à prendre en compte lorsqu’un nouveau projet de SI voit le jour.
Est-ce que de tels projets de SI, principalement de renforcement de compétences, peuvent suffire si les raisons de la raréfaction de l'eau sont souvent les mêmes et qu'aucune mesure n'est prise telle que la lutte contre déforestation, l’agriculture intensive et les multiples industries polluantes ?