Quelles actions pour prévenir et prendre en charge les violences sexistes et sexuelles ?
Comment bien prendre en compte les violences sexistes et sexuelles dans le milieu associatif et universitaire ? Comment faire en sorte que les cadres étudiant et associatif soient sains et émancipateurs pour tous·tes ?
La démarche au sein d’ISF
Depuis janvier 2020, plusieurs réunions ont eu lieu entre des membres du comité Femin’ISF, des administrateur·rices et des salarié·es, afin de prévoir le processus à mettre en place. Il doit permettre à la fois de sensibiliser, de détecter les VSS (violences sexistes et sexuelles) et de les traiter.
Des affiches visant à rappeler les règles du consentement, ainsi que des flyers informant sur les qualifications juridiques des VSS et les sanctions encourues ont été réalisés. Un discours a également été écrit, afin de rappeler avant chaque événement les règles liées à la PVSS (prévention des violences sexistes et sexuelles). De plus, il est prévu que des référent·es soient formé·es, dans le but de pouvoir recueillir la parole des victimes.
Plusieurs administrateur·ices et salarié·es ont été formé·es par le Centre Hubertine Auclert, pour rappeler les bases juridiques liées aux violences sexistes et sexuelles. Cette formation a été effectuée en lien avec les associations Engagé·es & Déterminé·es et Starting-Block, qui mènent en leur sein des processus similaires. Il est prévu à l’avenir de pouvoir former concrètement des référent·es volontaires à l’accueil des victimes et de poursuivre le travail initié jusque là, en réfléchissant aux suites à donner aux éventuels témoignages. ISF n’est qu’au début du processus, mais voyons ce que cela peut représenter pour d’autres associations en contact avec des publics étudiants.
Les actions mises en place par une autre association étudiante : la FAGE
En 2017, la FAGE entame un processus visant à sensibiliser ses membres et prendre en compte les VSS, dans un contexte général d’ouverture de la parole, avec le mouvement « Me too ». L’organisation a mis en place un système de « trusted people » (personnes de confiance) et les a doublement formées : une formation générale sur la lutte contre les VSS, et une deuxième pour être à même d’agir face aux violences.
Le rôle de ces personnes étant d’être ressources pour les personnes victimes, témoins ou coupables de VSS, elles⋅ils sont identifiables et leur contact téléphonique est affiché à différents endroits lors des événements. Les personnes alors formées peuvent également former à leur tour et mener des actions de plaidoyer sur la thématique. De plus, lors des événements, un cocktail appelé « Angel Shots » peut être commandé par une personne ne se sentant pas en sécurité afin de donner l’alerte.
Lorsqu’une suspicion de VSS a lieu, un processus de blacklistage de la personne est enclenché. Que ce soit au niveau fédéral ou local, les informations circulent afin de coordonner les décisions. L’idée étant également de réfléchir à ne pas exclure totalement la personne autrice des faits, dans une perspective de réinsertion, tout en protégeant la victime. Dans le cas d’une VSS, les référent·es des questions PVSS prennent le temps de discuter longuement avec les deux parties.
Les retours face aux processus mis en place sont très positifs : les adhérent·es sont satisfait·es de savoir qu’il y a de l’action suite aux témoignages. De plus, pour les personnes formées, c’est également rassurant de savoir comment réagir face à des VSS. Les associations étudiantes semblent donc avoir un rôle dans la sensibilisation et doivent tâcher d’être des lieux exempts de violences, mais elles ne peuvent remplacer un travail de fond réalisé par les établissements de l'enseignement supérieur. La fédération compte poursuivre en 2021 sa démarche PVSS, afin qu’elle soit complètement opérationnelle pour 2022.
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter le manuel d'action pour « En finir avec les violences sexistes et sexuelles » de Caroline de Haas, et l'article « De la banalisation des violences de genre en école d'ingénieur·e » de Coline Briquet, publié dans Les cahiers du genre n°66 (2019).