Solidarité avec les victimes de violences sexuelles à CentraleSupelec
Une enquête a été ouverte après que plus d'une centaine d'étudiant·es de l'école CentraleSupelec aient déclarées avoir été victimes de viols ou d'agressions sexuelles .
Nous, Ingénieurs Sans Frontières affirmons notre confiance et notre soutien aux victimes.
Nous dénonçons les particularités du milieu des grandes écoles qui créent le terreau de ces violences sexuelles. La culture de l'entre-soi et les injonctions à la discrétion au nom de la réputation de l'école et de l'employabilité des élèves freinent la libération de la parole.
Nous espérons que cette affaire alerte les administrations des écoles et leurs ministères de tutelle et que de réelles actions soient mises en place pour protéger les étudiant·es.
Manifestation contre les violences sexistes et sexuelles dans l'enseignement supérieur et le secondaire du 6 mars 2021
Fiora Garenzi
Depuis le 7 octobre, un bouleversement a eu lieu concernant des violences sexistes et sexuelles (VSS) dans le milieu des écoles d'ingénieur·es. Nous espérons qu'à l'image de Sciences Porcs, ces événements vont retentir.
En effet, une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet d'Evry pour harcèlement sexuel, agressions sexuelles et viols à CentraleSupélec. Cette enquête fait suite à l'état des lieux réalisé en juin et juillet 2021 (portant sur l'année scolaire 2020-2021) par l'association étudiante féministe Çapèse sur demande de la direction de l'école. Parmis les 2400 réponses d'étudiant·es, l'état des lieux a permis de mettre en lumière de nombreux cas de viols et d'agressions sexuelles.
Les résultats de l'état des lieux ont été surprenant pour un grand nombre de personnes, car de nombreuses initiatives avaient déjà été mises en place dans l'établissement dans le but de limiter ces cas de VSS : une cellule d'accueil et d'écoute mise en place par les psychologues de l'établissement, des séances de sensibilisation aux VSS suivi par tous les élèves, des campagnes de prévention par l'association étudiante responsable de l'état des lieux Çapèse, la présence de personne formées aux VSS pendant les soirées officielles de l'école.
Par ailleurs, ces résultats sont à l'image de l'année particulière qui s'est déroulée dans la vie des étudiant·es. En effet, la majorité des actes de violences identifiés sont commis par des étudiant·es pendant les soirées extérieures à l'école non-encadrées par les personnes formées aux VSS dans les résidences étudiantes.
Les résultats sont à nuancer et ne sont pas un cas isolé à CentraleSupélec mais les particularités du milieu des grandes écoles créent un terrain favorable aux VSS. Néanmoins, il n'est pas question d'encenser la direction de Centrale Supélec qui a fait remonter les résultats de l'état des lieux car il s'agit d'une obligation de l'article 40 du code de procédure pénale1. Par ailleurs, les dispositifs déjà mis en place n'ont pas permis aux victimes des VSS de parler. C'est d'ailleurs d'autant plus effrayant que ces initiatives mises en place n'aient pas suffit.
Dans les affaires médiatiques comme celle-ci et celle de Sciences Porcs, l'expression "libération de la parole" est souvent énoncée. Or il faudrait sans doute parler de libération de l'écoute. À CentraleSupélec, c'est sous la forme d'un questionnaire réalisé par l'association Çapèse, par réponse anonyme, qu'a été permis le partage de témoignages. Ceux-ci ont été médiatisés et ils évoquent un besoin d'avoir un espace extérieur à l'école pour être entendu. Cela montre la pression particulière qui pèse sur les épaules des victimes de violences. En effet, , par rapport aux des stéréotypes visent les victimes de VSS : crédibilité, regard des autres à assumer... Ces stéréotypes sont d'autant plus pesant pour les étudiant·es, car iels doivent encore faire leurs preuves et parler non-anonymement pourrait potentiellement jouer sur leur employabilité. C'est pourquoi, nous croyons toujours les victimes, et ISF leur apporte tout son soutien.
Pour approfondir les initiatives à mettre en place dans les établissement d'enseignement supérieur afin que les VSS n'aient plus lieu dans nos milieux, le travail de l'Observatoire étudiant des violences sexuelles et sexistes dans l'enseignement supérieur et également le travail du collectif Clasches (Collectif de lutte contre le harcèlement sexuel dans l'enseignement supérieur) sont à suivre.
1. «toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l'exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d'un crime ou d'un délit est tenu d'en donner avis sans délai au procureur de la République et de transmettre à ce magistrat tous les renseignements, procès-verbaux et actes qui y sont relatifs».